Depuis sa parution, mon article « Les services presse…comment ça marche » recense plusieurs milliers de vues. Vous êtes également nombreux à me poser quotidiennement des questions sur comment recevoir des services presse et être partenaire avec une maison d’édition.
C’est suite à toutes ces demandes qu’a germé en moi l’idée de vous proposer une série d’articles consacrée aux coulisses des maisons d’édition !
Mon premier choix s’est porté sur Mylène, mon contact très sympathique des éditions de l’Archipel.
L’Archipel est une maison d’édition française créée en 1991 par Jean-Daniel Belfond. Le groupe éditions de l’Archipel englobe quatre maisons d’éditions : les éditions Presses du Châtelet, l’Archipel, Ecriture et Archipoche. Le catalogue de la maison d’édition comporte quelques centaines de titres (des romans, des livres d’histoire, de politique,…).

Je remercie Mylène d’avoir accepté de répondre à toutes mes questions (et pour cette magnifique photo de circonstance) mais également qui va vous permettre d’en savoir plus sur son métier dans la maison d’édition mais vous donnera également une foule d’informations concernant les services presse, les partenariats, etc.
The Eden of Books : Qui es-tu Mylène, quel est ton parcours et enfin ton rôle au sein des éditions de l’Archipel ?
Mylène: Humaine, rousse, 1m55 *rire* qui adore les pulls élans et la musique de barbare païen ! Je viens du fabuleux monde de la traduction audiovisuelle et interprétariat (fansubbing des animes par ex) au départ et j’ai bifurqué en communication pour mon second master.
J’ai découvert très très tard que je désirais travailler dans les livres, ça n’a pas été facile de trouver sa place ! Mon premier stage, c’était chez Kidshop, super micro entreprise australienne de vente de prêts-à-porter et jouets pour petits nienfants. C’est là que j’ai vraiment découvert que le numérique c’était mon dada !
Ensuite un petit tour chez Le Passeur, éditeur que je salue chaleureusement. Ils m’ont donné l’opportunité de me familiariser avec le monde du livre et de faire des relations presse / numérique (site internet-FB)
Puis là, LA grande porte du groupe Madrigall s’ouvre avec Flammarion et ma chère Marie qui m’a donné la chance de travailler sur des beaux-livres (Rizzoli – Dior – Guerlain) que jamais je n’aurai pu approcher.
J’ai d’abord passé par les relations presse puis par le « partenariat et promotion » Poke à Audrey Pulvar dont j’ai signé la tournée de dédicaces pour son beau-livre d’art « La Femme », à lire absolument !
Et enfin… L’ARCHIPEL « Hourra Hourra ». J’y suis depuis deux petites années ! Au départ c’était une création de poste que j’ai pu faire totalement évoluer à mon image par chance et ainsi faire ce que j’aime et sais faire surtout aussi bien au niveau savoir-être que savoir-faire. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir modeler son poste, ça demande surtout beaucoup de persévérance et de patience… que je n’ai pas toujours (hahaha) !
A L’Archipel, je tiens l’accueil avec deux acolytes de la presse et de la communication. Je suis une media social manager. Je crois que c’est THE terme pour définir mon poste. On dit aussi community manager mais ça ne regroupe pas du tout toute la partie création de support et plan de stratégie numérique / marketing + recherche de partenariats et fonds + reporting marketing.
En gros hein, c’est ça, puis tu as le quotidien avec les auteurs, la partie administrative forcément, dans une PME, et le relationnel qui compte à 1000%. Toujours avoir le sourire… pas facile.
The Eden of Books : Peux-tu me décrire une journée type à ton boulot ?
Mylène: Ça n’existe pas vraiment… Cela dépend de mon humeur : si mon chat m’a laissé dormir, si j’ai choppé le bon RER, et de ce que je vais manger le midi.
Mais les tâches types sont de vous répondre à vous, chère communauté, au téléphone, aux demandes des auteurs et à mes collègues quand j’ai envie d’être sympathique.
Je m’occupe de gérer l’e-réputation sur les réseaux sociaux (FB, Twitter, Instagram, Pinterest, Youtube) + la création et modération du site internet + création de l’identité visuelle numérique des 4 labels de la maison d’édition (Archipel – Archipoche – Presse du Châtelet – Ecriture). Mais c’est aussi passer beaucoup de temps à apprendre à vous connaître pour savoir quoi vous proposer comme lecture, vous faire des petits plis persos et consoler vos âmes perdues parfois.
C’est aussi, et le plus important, mettre en place des partenariats et créer des stratégies de e-communication pour le lancement de notre catalogue ! J’ai ainsi mis en place des échanges avec NetGalley, Babelio, BePolar, Les Libraires ensembles et même des influenceurs sur IG (peut-être Gleeph et la Kube un jour). Ça prend du temps et de l’énergie mais ça permet d’ouvrir nos horizons et d’approcher un public plus large qui est rebuté je pense, par l’esthétique qu’avait la M.E. (ndlr: maison d’édition) avant mon arrivée. J’ai littéralement dépoussiéré tout ça en 2 ans et aujourd’hui ça se voit. *fierté absolue*
The Eden of Books : Comment décrirais-tu la ligne éditoriale de ta maison d’édition ? Quel genre de lectorat vise-t-elle ?
Mylène: La M.E. n’a pas de L.E à proprement parler. Nous avons cependant des collections fortes qui font notre réputation :
- Les romans féminins d’évasion (Sarah Lark, Tamara McKinley, Kate McAlistair etc);
- Les romans féminins plus classiques (Colleen McCullough, Les sœurs Brontë, Jane Austen etc);
- Les nouveaux romans féminins (Elisabet Benavent);
- Le suspense avec les incontournables Preston & Child, James Patterson et Dean Koontz !;
- Les biographies avec des auteurs comme Frédéric Quinonero, Fred Hidalgo, mais aussi Gabrielle Lazure, Magali Berdah, Mylène Demongeot, etc;
- Et bien sûr, les essais politiques, économiques et écologiques (aux Presses du Châtelet : les carnets d’alerte de Pierre Rabhi et Juliette Duquesne).

The Eden of Books : Je sais que c’est difficile mais quels sont tes chouchous parmi votre catalogue ? Ou un livre que tu ne recommanderais absolument pas ?
Mylène: Ce n’est absolument pas difficile puisque je ne suis pas du tout la cible de la M.E . Je lis majoritairement de la SFFF (ndlr : Science-Fiction, Fanstay et Fantastique) (Les moutons électriques, Actu SF, l’Atalante etc) et du roman historique (Mireille Calmel et Marion Zimmer Bradley) !
Du coup chez l’Archipel, je me sens surtout concernée par Gérald Messadié, Pearl Buck, Adeline Yen Mah, Kate McAlistair et un peu de classique policier comme l’intégrale collector de Sherlock qui est vraiment très beau…
Ce ne serait pas très objectif et respectueux à mon sens de ne pas recommander un livre (surtout qu’il faudrait que je l’ai lu… 180 titres par an ), tout simplement car les goûts et les couleurs sont différents et je trouverais ça très offensant de dire « ah non mais surtout pas celui-là » alors que quelqu’un porte peut-être ce titre avec grand respect et affection.

The Eden of Books : Comment être en partenariat avec ta maison d’édition ? Acceptez-vous les candidatures des blogueurs avec moins d’abonnés ? Reçois-tu beaucoup de candidatures/ demandes de SP ?
Mylène: Je fais un examen détaillé sur CV avec paiement en nature (livre – nourriture asiatique).
Ahaha! J’ai enfin trouver une façon plus pratique à gérer et clair pour les partenariats ! J’ouvre régulièrement des places à de nouvelles personnes et je donne sa chance à presque tout le monde mais les conditions sont strictes car avec environ 200 partenaires, je ne peux pas me permettre de laisser place aux négligences. Il en va de mon bien être mental au travail (hahaha) et tout simplement car il n’est pas humainement possible de passer derrière tout le monde.
Vous pouvez me joindre sur tous nos réseaux sociaux et je demande à avoir au moins un compte actif, public sur IG, YT ou FB ou un blog, et de partager obligatoirement sur une plateforme communautaire notamment Babelio.
J’ai ainsi pu rencontrer de formidables personnes qui ne sont pas forcément en mesure de gérer les RS mais qui ont tout autant leur mot à dire (enfin avis de lecture ) et qui peuvent représenter l’Archipel à nos côtés.
En 2 ans, j’ai dû avoir 2 ou 3 grosses prises de bec qui m’ont vraiment contrariées sincèrement… Quand on est derrière un écran, on se croit tout permis. Et parfois, vous êtes tellement durs sous prétexte que vous recevez des livres (à votre demande, je ne fais jamais d’envoi forcé, c’est ma politique), vous vous mettez en position de force, comme si j’étais à votre disposition où que je devais tout simplement écouter vos petits maux. Vous oubliez l’humain qu’il y a derrière et c’est bien dommage !
J’entends très souvent « Je fais ça pour ma passion, ce n’est pas un business, je ne suis pas la vitrine de l’Archipel, faites preuve d’empathie ». Bon, vous voyez où je veux en venir. Je considère juste que le savoir-vivre, c’est envoyer un mail pour tenir au courant en cas de retard de lecture, car oui, nous sommes humains et nous avons tous des vies à côté. Sauf que moi, c’est mon travail… donc j’ai des responsabilités hein !
The Eden of Books : Reçois-tu parfois des demandes farfelues ? As-tu des perles à nous raconter ?
Si, le plus drôle que j’ai eu, c’est une personne qui remplit régulièrement les demandes de partenariat et là, je l’ai contactée pour l’informer que je ne donnerais pas suite car j’ai fait des envois de SP et six mois après pas de retour. haha là, c’est se moquer du monde ! Je ne vous raconte par la déferlante que j’ai pris via IG, j’ai reçu des dizaines de dizaines de messages vocaux ! La personne m’a raconté toute sa vie pour me dire que j’étais méchante, incompétente, sans cœur enfin j’en passe…
J’avoue que là, c’était le pompom sur la Garonne !!! Mais j’imagine que chaque M.E rencontre ce type d’agressions. Surtout que je prends le temps de répondre pourquoi je ne peux donner suite.
Il faut cesser de prendre pour acquis ce qu’on vous offre. Un partenariat avec une M.E ça reste un échange « commercial », c’est donc donnant-donnant, personne n’est forcé. Je comprends que ce soit tentant de recevoir un livre gratuitement contre lecture mais ce n’est pas une obligation ni un privilège.
The Eden of Books : Que penses-tu de Bookstagram ? Quelles sont en général tes relations avec les blogueurs ? Comment réagis-tu aux chroniques négatives ?
Mylène: J’ADORE BOOKSTAGRAM, j’ai créé la page IG il y a 2 ans et quelle bonne idée *se fait mousser toute seule*.
C’est vraiment un média de qualité à mon sens qui permet de nouer plus facilement des relations avec les lecteurs et de participer à l’enrichissement visuel de la M.E. Cela me permet de créer une identité visuelle propre à la maison mais surtout… qui me ressemble. Cela permet l’épanouissement personnel et professionnel ! Puis je peux vous raconter mes misères au quotidien avec mes pulls de noël en stories.
Je sais que certaines M.E pratiquent la censure. Je suis totalement contre cette idée qui ne représente pas du tout la réalité du marché. Le livre ne plaît pas, eh bien locuti estis verbum istud le peuple a parlé ! Ça a été le cas avec notre auteur français Christophe Ferré, il a défrayé la chronique ! Mais comme on dit, il vaut mieux avoir mauvaise presse que pas de presse du tout. En bref, Bookstagram c’est top, de la bienveillance, plus de facilité à communiquer rapidement avec la communauté et cela est plus intime aussi.
The Eden of Books : As-tu des futurs projets particuliers ?
Mylène: Gagner beaucoup d’argent ? Comme tout le monde…
Sérieusement, j’ai très envie de rester dans le milieu du livre mais de quitter un jour la région parisienne pour redonner vie à une bibliothèque paumée quelque part et devenir forgeronne et élever des chèvres.
The Eden of Books : Un dernier petit mot ?
Mylène: Merci pour votre gentillesse, votre soutien, vos petits mots d’amour au quotidien. C’est un bonheur de se lever le matin et de savoir que je vous retrouve dès que je passe les portes de l’Archipel.
PS : j’accepte les cadeaux (bonbons, chocolats, livres) j’ai un compte Babelio si vous voulez vérifier ma PAL…
Merci pour cette interview passionnante Mylène et belles fêtes à toi !
Vous pouvez suivre les éditions de l’Archipel sur :
Une interview placée sous le signe de l’humour. Bravo à vous deux.
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