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« Des sauvages et des hommes » de Annelise Heurtier

Des sauvages et des hommes d'Annelise Heurtier

J’ai eu la grande chance de découvrir l’auteure française Annelise Heurtier grâce au titre « La fille d’Avril » (voir ma chronique), une fiction féministe sur fond historique portée par une jeune héroïne profondément moderne. J’avais ensuite lu « Chère Fubuki Katana », un roman nous immergeant dans le Japon contemporain au côté d’une jeune fille mal dans sa peau.

Publié aux éditions Casterman cette année, « Des sauvages et des hommes » est son nouveau roman et j’étais très curieuse de le découvrir.

Résumé :

Nouvelle-Calédonie, 1931. Le jour où des membres de sa tribu sont choisis pour participer à une mission spéciale à Paris, le jeune Edou, fougueux et aventureux, s’introduit dans le groupe. Sur place, il déchante rapidement lorsqu’il découvre un enclos et une pancarte sur laquelle est inscrit Cannibales.
Cette histoire est inspirée de l’exhibition des Kanaks pendant l’exposition coloniale de 1931, en marge de laquelle un groupe d’anciens coloniaux décide de faire passer les océaniens pour des sauvages, en ressortant et déformant des pans entiers de leur culture, celle-là même que l’Etat français n’a eu de cesse de faire disparaître.
Un roman qui dénonce l’histoire coloniale et ses non-dits, qui aborde le pouvoir de la propagande ou la fabrique du racisme.

Edou est un jeune Kanak vivant en Nouvelle-Calédonie qui est une colonie française depuis quatre-vingt ans. Nous sommes en 1931 et La France se prépare pour son exposition coloniale ayant lieu dans la capitale. Il s’agissait de manifestations organisées au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle dans plusieurs pays. L’objectif était de montrer les différentes facettes des colonies, un partage de cultures. Pour la troupe de Kanaks engagée, ce long voyage vers la France est une opportunité pour voyager et découvrir le pays. Quel choc pour ces hommes et femmes de se retrouver enfermés un peu plus loin au Jardin d’Acclimatation. Ils sont présentés comme des sauvages cannibales à un public avide de sensations et doivent donner des représentations en surjouant les stéréotypes raciaux.

Lorsqu’il sortait dans le Jardin, Edou évitait toujours de passer devant la Pancarte… C’était plus de deux semaines après leur arrivée, ils avaient mis du temps pour pousser la porte de la palissade. Avec tout ce qu’avait raconté Pourrot, tout le monde avait très peur de tomber sur un de ces sauvages qu’abritait la capitale.

CANNIBALES.

Edou avait beau essayer de ne pas le prendre personnellement, se répéter que c’était un travail, un spectacle, se dire que c’était finalement de la crédulité des Parisiens dont on profitait, le mot résonnait toujours aussi mal.

Cette histoire de zoos humains, des lieux d’exhibitions, s’inspire malheureusement de faits réels. Le roman au style agréable est agrémenté d’une postface de l’historien Pascal Blanchard spécialiste de la question coloniale. J’ai été étonnée et révoltée de découvrir que de telles pratiques avaient existé. Je pense que ce livre devrait être lu par nos adolescents et exploité par les enseignants. Il constitue un média d’éducation permanente permettant de réfléchir (à l’instar du choix du titre de l’auteure et du mot sauvage s’adressant directement aux colons) et de sensibiliser sur le racisme.

En bref:

Un livre au sujet interpellant, à découvrir aussi bien par un public adolescent qu’adulte !

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