Critique de livres·Mes lectures

« Mal de Terre » d’Hubert Reeves

« Mal de Terre » Hubert Reeves

Il y a seulement 2 jours, j’ai appris le décès d’Hubert Reeves, présenté comme un vulgarisateur hors pair capable de rendre accessibles les concepts les plus abstraits de la science, principalement dans le domaine de l’astrophysique. S’il a passé la majorité de sa carrière en tant qu’astrophysicien et directeur de recherche au CNRS, ce sont ses écrits qui l’ont fait connaître.

Je connaissais à peine ce monsieur il y a à peine un mois quand j’ai récupéré « Mal de Terre », dans une boîte à livres. Publié dans la collection science ouverte aux Editions du Seuil, en mars 2003, la proximité de ma découverte et de son décès me semble l’occasion de présenter ce livre. Le tout sans vouloir jouer les opportunistes, et sans doute parce que ce Monsieur mérite d’autant plus d’être mis en lumière.

« Mal de Terre » ne parle pas d’astrophysique, mais d’écologie. Ce livre se présente comme un entretien avec Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue, qui demande à Hubert Reeves d’expliquer certains concepts, de les illustrer par des exemples ou d’en présenter les futures conséquences. Et il est choquant de voir, vingt années après sa publication (mars 2003, je le rappelle), à quel point les avertissements et prédictions d’Hubert Reeves se confondent avec nos événements actuels.

« De nombreux modèles prévoient ainsi des vagues de chaleur, des inondations, des sécheresses ou des tempêtes violentes, l’élévation du niveau de la mer ou des épisodes plus marqués de cycles météorologiques comme le phénomène El Niño, déjà si désastreux en 1997. »

« Il est encore difficile d’avoir une idée précise sur la contamination de l’espèce humaine par les PCB. On observe dans les pays industrialisés une hausse constante des cancers des organes génitaux et du sein, qui pourrait avoir un lien direct avec cette contamination ».

De manière très structurée, concise mais précise, M. Reeves reprend les aspects de l’écologie qui restent au cœur de l’actualité : le réchauffement climatique bien sûr, mais également l’état des ressources fossiles, en eau et en nourriture, la démographie, la répartition des richesses, la pollution ou encore les sources d’énergie alternative,… Ses réponses sont très accessibles et lisibles, leur crédibilité étayées de chiffres, de graphiques, et de nombreuses sources ou références, citées en fin de livre. Plusieurs de ces sources sont d’ailleurs toujours actualisées aujourd’hui.

On peut alors se demander, au bout de toutes ces pages, pourquoi vingt ans plus tard nous n’avons pas réagi en suivant « le principe de précaution » cher à l’auteur. Ce thème de l’écologie est devenu si préoccupant et a pris tellement de place dans nos vies alors que certaines sonnettes d’alarmes retentissaient déjà il y a déjà plusieurs générations. Sans condamner ni juger, les différents chapitres décrivent nos errements, mais apportent aussi de solutions et des notes d’optimisme face à ces problèmes.

« Nimby (not in my back-yard) signifie « pas dans ma cour » et Nimto (not in my term of office), « pas durant mon mandat électoral ». On touche ici au problème des résistances des citoyens à accepter les solutions les solutions proposées pour stopper le réchauffement. »

« Je crois que la réalisation la plus positive pour l’avenir est justement cette prise de conscience et cet intérêt croissant des citoyens pour la cause de la planète. »

Indispensable il y a deux décennies et toujours extrêmement intéressant aujourd’hui. Il est temps de me consacrer à ses autres parutions. Reposez en paix, monsieur Reeves.

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