Interview

Interview de l’autrice Morane Terlier

Morane Terlier "Les mots deviendront doux"

La plupart de mes lecteurs le savent : j’ai ouvert mon blog en juillet 2016. A cette époque, j’étais enceinte de 4 mois lorsque la gynécologue m’annonce, en tentant de ne pas trop me stresser, un souci médical : une malformation de l’utérus vue sur le tard. J’ai donc reçu l’injonction de rester couchée et ai vécu plusieurs séjours à l’hôpital pour être sous surveillance. L’ouverture de mon blog avait constitué une véritable bouffée d’oxygène lors de ces mois compliqués.

Alors, lorsque Morane est venue me présenter à ma bibliothèque « Les mots deviendront doux » , je n’ai pu qu’être touchée par son récit. Ce livre raconte son vécu, la perte de son petit Paul. Un récit dont on ne ressort pas indemne et que j’ai lu en une nuit, incapable de m’arrêter, bouleversée. Le deuil périnatal est un sujet compliqué mais abordé ici avec tellement de beauté.

The Eden of Books : Bonjour. Peux-tu te présenter ? D’où viens-tu ? Quel est ton métier ?

Morane Terlier : Je m’appelle Morane. J’ai 31 ans et vis dans la région de Liège. Je suis assistante sociale de formation, et plus particulièrement, coordinatrice dans le maintien à domicile. J’accompagne les personnes en perte d’autonomie et j’organise les aides dont ils ont besoin. 

The Eden of Books : Peux-tu nous présenter « Les mots deviendront doux » ? Nous donner un résumé ?

Morane Terlier : C’est un récit de vie qui retrace les bouleversements et les questionnements d’une femme ayant perdu son bébé, à presque 6 mois de grossesse. Mon objectif est de partager une émotion pure et sans filtre à travers chaque ligne. 
Cette épreuve oblige indéniablement à repenser le couple, à se confronter aux trop nombreux tabous autour du deuil périnatal, à s’interroger sur la prise en charge médicale autour de la femme, à composer dans les moments d’espoirs, puis de désespoirs. 
Un véritable message d’amour est véhiculé au fil des chapitres. Ce récit exprime une forte reconnaissance auprès du personnel soignant ayant donné tellement plus que leur métier ou leur amitié. Ce livre n’est pas uniquement dédié aux personnes ayant un vécu semblable. Il s’engage auprès de chaque individu qui voudra se confronter au cœur même de la vie, mais aussi de la mort. Ce lieu où l’amour perdure, infiniment. 

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The Eden of Books : N’est-ce pas très difficile d’écrire ce livre abordant la thématique du deuil périnatal ? Penses-tu que l’accompagnement psychologique et le suivi médical sont suffisants en Belgique ?

Morane Terlier : Ces écrits n’étaient pas voués à sortir de mon cahier. Ils étaient d’abord thérapeutiques, et à destination de ma mémoire, elle-seule. Les années ont passées et le tabou fait autour de ce sujet n’a fait qu’amplifier le besoin de communiquer, transmettre. J’avais et j’ai toujours la volonté que ce récit soit une voix pour chaque femme, qui enfante ou non.  
Il existe des « réunions » de parents endeuillés. Cependant, elles ne sont, selon moi, pas assez nombreuses. Notre société accorde peu d’espace de parole sur ce sujet. Les échanges entre parents, professionnels sont pourtant porteurs. Les parents ont besoin de parler de cet enfant parti, qui plus est dans un endroit chaleureux, convivial.


The Eden of Books : Comment te sens-tu aujourd’hui ? Est-ce que l’écriture a été une thérapie ?

Morane Terlier : Incontestablement, l’écriture est thérapeutique. Concernant ce sujet, ou un autre. J’en suis convaincue ! J’ai eu la chance de pouvoir poser mes mots, et de les livrer au monde. Par l’aboutissement de ce projet, j’ai aussi cette sensation d’avoir faire renaître Paul, en quelque sorte.

The Eden of Books : Quand et comment as-tu commencé à écrire ? De combien de temps as-tu eu besoin ?

Morane Terlier : J’ai commencé à écrire quelques jours après la perte de Paul. Je ne voulais rien oublier, aucun détail ne devait m’échapper. Puis, j’ai laissé ces écrits de côté durant plusieurs années. C’est le 24 juillet 2020, en refermant un livre, que j’ai eu un élan soudain. J’en suis encore chamboulée quand j’y repense. J’ai été précipitamment appelée par l’écriture. Je suis allée chercher mon ordinateur, j’ai repris mes écrits qui dormaient depuis 2017 et je ne me suis plus arrêtée. Un an et demi plus tard, mon livre sortait.

The Eden of Books : Pourquoi le choix de l’auto-édition ? N’est-ce pas trop éprouvant de tout gérer ? 

Morane Terlier : Un livre est souvent considéré comme « un bébé » par son auteur.e. C’est d’autant plus le cas dans ce projet. J’avais donc besoin de le mener de A à Z. Choisir, penser la couverture était une étape très importante pour moi. Alors que j’étais toujours en train d’écrire le livre, j’ai rencontré un peu par hasard une illustratrice et j’ai su de suite que c’est elle qui devait la réaliser. En travaillant avec une maison d’éditions, je n’aurai pas pu mener le livre « objet » comme je l’imaginais. J’avais besoin de rester maitre de tous les choix concernant mon projet. Mais oui, c’est prenant et éprouvant. Je ne regrette pas mon choix. Mais ça demande de l’investissement personnel et une grande capacité d’organisation. Dans cette volonté de proposer une édition indépendante de qualité, c’est tout un réseau que j’ai minutieusement choisi : illustratrice donc, mais aussi correctrice, coach littéraire, professionnels de la communication. Nous avons travaillé ensemble et dans le même objectif : construire le livre dont je rêvais.

The Eden of Books : Où pouvons-nous trouver ton livre ?

Morane Terlier : Mon livre est en vente dans plusieurs librairies et boutiques. La liste complète se trouve sur mes réseaux sociaux (Facebook et Instagram) et également sur mon site internet www.moraneterlier.be Il est également possible de le commander en ligne, via ce même site.

The Eden of Books : Est-ce que ton livre est également lu par un public masculin ? As-tu reçu des retours ?

Morane Terlier : C’est vrai que le livre attire un public généralement féminin. Néanmoins, j’ai eu des retours très touchants de la part de quelques hommes. C’est toujours troublant d’être confronté à l’émotion d’un homme. Je rêve intimement que chaque être humain puisse exprimer leurs émotions, de façon égale.

The Eden of Books : Comment se déroule la promotion du livre ?

Morane Terlier : C’est du travail ! Contacter les librairies, les convaincre. Contacter les médias, les convaincre aussi ! Le marché du livre est dense ! C’est difficile de faire sa place dans les rayons, surtout lorsqu’on est autoédité. J’éprouve une énorme satisfaction lorsqu’une librairie ou un média vient à moi, sans demande préalable de ma part. C’est toujours très réjouissant ! Mon livre a déjà été vendu à plus de 500 exemplaires, ce qui est extraordinaire. Mais je veux continuer à le pousser encore plus loin, et le faire vivre le plus longtemps possible.

Morane, merci mille fois pour cette interview et le temps que tu as bien voulu nous accorder.

Vous pouvez suivre Morane Terlier sur :

Son site

Sa page Instagram

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