« Eden » de Monica Sabolo

Cher lecteur, le livre présenté dans cette chronique que j’ai eu tant de mal à te rédiger constitue une œuvre étrange mais fascinante.

Publié par les éditions Gallimard, ce roman fait également partie de la Rentrée Littéraire d’automne puisqu’il est disponible en librairie depuis hier. Grâce à ce titre que j’ai lu dans le cadre de mon rôle de jury dans le Grand Prix des lectrices Elle, je découvre la plume particulière de Monica Sabolo, auteure française.

Résumé:

« Un esprit de la forêt. Voilà ce qu’elle avait vu. Elle le répéterait, encore et encore, à tous ceux qui l’interrogeaient, au père de Lucy, avec son pantalon froissé et sa chemise sale, à la police, aux habitants de la réserve, elle dirait toujours les mêmes mots, lèvres serrées, menton buté. Quand on lui demandait, avec douceur, puis d’une voix de plus en plus tendue, pressante, s’il ne s’agissait pas plutôt de Lucy – Lucy, quinze ans, blonde, un mètre soixante-cinq, short en jean, disparue depuis deux jours –, quand on lui demandait si elle n’avait pas vu Lucy, elle répondait en secouant la tête : « Non, non, c’était un esprit, l’esprit de la forêt. » »
Dans une région reculée du monde, à la lisière d’une forêt menacée de destruction, grandit Nita, qui rêve d’ailleurs. Jusqu’au jour où elle croise Lucy, une jeune fille venue de la ville. Solitaire, aimantant malgré elle les garçons du lycée, celle-ci s’aventure dans les bois et y découvre des choses, des choses dangereuses…
La faute, le châtiment et le lien aux origines sont au cœur de ce roman envoûtant sur l’adolescence et ses métamorphoses. Éden, ou le miroir du paradis perdu. 

C’est une bien insolite histoire qu’avec ses yeux de jeune fille nous raconte Nita, narratrice de ce livre. Elle nous plonge dans un roman s’approchant du genre « nature writing ». L’endroit exact où se déroule l’histoire ne sera jamais établi, nous savons juste que les protagonistes évoluent dans une réserve. Cette imprécision volontaire renforce le sentiment de conte contemporain onirique. Des chapitres courts allègent l’ambiance oppressante du récit.

Nouvelle venue avec son père, Lucy est une jeune fille de 15 ans fraîchement débarquée à la réserve. Celle qui attire tous les regards au lycée va vivre un drame lorsqu’elle sera mystérieusement enlevée. Elle sera retrouvée nue et inconsciente quelques jours plus tard au pied d’un arbre. Que lui est-il arrivé? A-t-elle été emportée par les créatures à l’esprit vengeur peuplant la forêt? Dans quel dessein? Il vous faudra un long processus avant de tout comprendre…

Ce que l’on a été, ce que l’on est plus. Les métamorphoses mystérieuses.

Les métamorphoses sont celles subies par le corps. Celui de la petite fille se muant en une nouvelle créature dotée de formes. Le passage de l’enfance vers l’adolescence, l’épanouissement du corps. L’irrespect de certains hommes envers la gente féminine. Une histoire universelle, de sens en émoi et d’hormones. Quand l’instinct de survie reprend le dessus pour ne plus subir. Loin de l’éden, la forêt constitue un endroit dangereux où la loi du Talion est désormais en application !

En bref:

Un roman que vous aimerez ou détesterez. Par contre, impossible de rester indifférent !

Monica Sabolo, un nom à retenir ! 

A propos de l’auteure:

Monica Sabolo est une journaliste et écrivaine française, d’origine italienne. Elle vit à Paris. Elle est journaliste (Elle, 20 ans, Voici). Après « Le roman de Lili », elle signe avec « Jungle » son second roman. Elle reçoit le Prix de Flore 2013 pour « Tout cela n’a rien à voir avec moi ». Dans ce roman, Monica Sabolo dissèque le chagrin d’amour. À mesure que Monica Sabolo raconte son histoire d’amour et son épilogue, elle se replonge dans son passé. Son chagrin d’amour fait écho avec celui d’une autre avant elle, sa mère. Mais c’est surtout la forme du livre qui séduit la critique.
En 2017 est publié son roman « Summer », qui est finaliste du Prix Goncourt des lycéens, et finaliste du Prix du roman des étudiants France Culture – Télérama.