Critique de livres·Mes lectures

« Sérotonine » de Michel Houellebecq

Dans une vie de blogueuse, il n’est pas rare de s’éloigner parfois du rêve : s’il est évident que l’on va lire à volonté, il est également vrai que l’on ne choisit pas toujours ses lectures. Entre services presse qui ne peuvent qu’augmenter le volume de ma PAL, les livres dont les thèmes ne font pas partie de mes goûts, les partenariats font naître la peur de n’avoir pas assez de temps pour lire tout dans les délais impartis ou de ne pas chroniquer un livre à sa vraie valeur.

Mais pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, je vous présente un best-seller lu pour le plaisir. J’ai juste dû m’abstenir de parcourir d’autres chroniques pour que moi, l’influenceuse, ne soit influencée. Ce livre n’est autre que le petit dernier de Michel Houellebecq publié par les éditions Flammarion et numéro un plusieurs semaines durant. Oui, c’est vrai, celui-ci date déjà un peu… En avant pour la séance de rattrapage !

Le résumé :

« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l’amour » écrivait récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d’ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman – son double inversé), l’échec des idéaux de leur jeunesse, l’espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue. Ce roman sur les ravages d’un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret.

mon avis

Sérotonine : Nom de l’hormone de la bonne humeur que François-Claude, unique narrateur, tente de retrouver grâce à ses antidépresseurs. Je découvre donc le « style Houellebecq » à travers un personnage s’exprimant de façon vulgaire malgré un statut somme toute confortable (le nombre de fois où le narrateur parle de sa b… – et autres choses du même acabit – dépasse, en moyenne, une fois toutes les trois pages). Mais ce franc-parler permet également de vraiment rentrer dans l’esprit du personnage qui se torture à longueur de temps quant au deuil de sa virilité ou de ses échecs passés, en parcourant l’historique de liaisons et personnes qui l’ont si profondément marqué.

J’utilise régulièrement les expressions « un style abouti », une « plume de qualité », etc. Cependant, ces qualificatifs ne s’appliquent pas Houellebecq dont la force tient plutôt dans la facilité et la provocation avec un genre moderniste, rappelant Beigbeder, en pire (en mieux ?). Michel Houellebecq cite souvent différents grands noms et références tout au long de son roman. Si la plupart me sont naturellement inconnus (divers lieux ou personnalités français), j’ai l’impression de souffrir d’un manque de culture quant à tous les autres. Heureusement, cela n’a pas eu d’impact sur ma lecture.

L’anti-héros, homme lâche et faible autoproclamé, est dégoûté de la vie. non seulement à cause de ses obligations professionnelles (il est censé défendre des éléments du secteur agricole qu’il sait d’avance condamnés), mais également de sa femme, ambassadrice culturelle japonaise infidèle qu’il ne supporte plus de côtoyer. Et pour terminer, les stigmates de ses anciennes liaisons, encore elles, qui font s’interroger notre homme sur ses choix passés.

On le suivra à la recherche de quelques réminiscences de son passé et des séquelles qui font encore saigner son âme. Malgré cette vulgarité et cette spirale de la dépression, les pages tournent toutes seules. Cette facilité à enchaîner les situations et les souvenirs transforment Sérotonine en un livre sans longueurs où la fin de l’anti-héros devient vite tout ce qui nous importe.

En bref :

Une lecture qui ne laisse certainement pas indifférent et qui s’inscrit certainement dans les best-sellers. Malgré son style peu relevé et sa vulgarité, j’en ressors tout de même avec l’envie de découvrir plus avant cet auteur.

 

A propos de l’auteur:

Michel HouellebecqMichel Houellebecq est un écrivain français. Poète, essayiste, romancier et réalisateur, il est, depuis la fin des années 1990, l’un des auteurs contemporains de langue française les plus connus et traduits dans le monde. Il a également fait quelques apparitions remarquées en tant qu’acteur. Avec « La carte et le territoire», Michel Houellebecq reçoit le prix Goncourt en 2010, après avoir été plusieurs fois pressenti pour ce prix. En janvier 2015, il publie un livre où il imagine la France dirigée par un parti musulman : « Soumission».

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s