Résumé:
Au salon de massage de M. Victor, rue de Courcelles, Waan semble jouir d’un statut de favorite. Est-ce parce que le propriétaire des lieux l’a vue grandir ?
Depuis qu’elle est devenue orpheline, Waan sait gré à M. Victor de lui avoir évité la fin tragique de la plupart des filles de sa condition en Thaïlande. Mais toute protection a un prix, et si l’écrin somptueux dans lequel elle pratique aujourd’hui n’a rien à voir avec les arrière-cours miséreuses de Chiang Rai, depuis quelques semaines Waan ressent une inquiétude diffuse.
Il y a ce ministre qui la harcèle de questions, et ce reporter dont elle attend les visites avec davantage d’impatience qu’elle ne veut bien l’admettre. Il y a surtout les silences de M. Victor, qui semblent dissimuler le passé derrière les tentures opaques du salon. Waan envisage alors de tout plaquer. De ne plus masser le corps des hommes. Mais a-t-elle vraiment le choix ?
« L’amour propre » est un roman écrit par Olivier Auroy et publié aux éditions Intervalles en 2018. Merci à l’auteur pour l’envoi de son dernier livre que j’ai eu la chance de recevoir avec une sympathique dédicace.
Dans son quatrième roman, Olivier Auroy décrit minutieusement le quotidien d’une franco-thaïlandaise travaillant dans un salon de massage ouvert seulement à une certaine élite d’hommes. La narration alterne entre présent et passé où la jeunesse de Waan nous est contée.
La jeune masseuse a passé les premières années de sa vie en Thaïlande. Au début, elle vivait la grande vie dans une somptueuse villa grâce au talent de son père, un gemmologue de renommée. Tout bascule le jour où il est retrouvé assassiné. Waan et sa mère sont chassées de leur belle demeure confortable et doivent recourir à l’aide de l’oncle Sin.
Aussi loin que Waan se souvienne, les hommes étaient toujours entrés en elle par effraction. Le premier avait été l’oncle Sin. Elle venait d’avoir treize ans. C’est un peu tôt pour profaner l’intimité d’une fille et pourtant, personne ne s’en était scandalisé dans ce pays où la virginité est volontairement sacrifiée sur l’autel de la luxure.
Un incipit volontairement choc donnant directement le ton.
Très rapidement, Waan ne va plus connaître qu’une chose: les salons de massage crasseux où le respect des femmes n’est pas chose courante… Là où la frontière entre le massage et la prostitution est faible. L’image donnée des hommes est extrêmement désastreuse et révoltante.
« Secourue » par M. Victor, l’ancien associé de son père, elle le suivra à Paris où elle travaillera pour lui. A nouveau cependant, la jeune femme, à nouveau désabusée, se retrouve captive. Les années passent et la jeune femme reste toujours prisonnière car M. Victor refuse obstinément de la laisser partir.
Premier livre que je lis sur cette thématique. L’auteur dépeint avec beaucoup de talent et de réalisme cet univers fermé où il est difficile de sortir. L’alternance entre les souvenirs et le temps présent donne du dynamisme au récit. Surtout que très rapidement des zones d’ombre sur le meurtre du père de Waan émergent…. Quelle est l’implication réelle de M. Victor? Waan peut-elle rencontrer l’amour et s’extraire de sa condition?
En bref:
Récit fascinant et très visuel sur l’univers clos et difficile des salons de massage.
Un style abouti et travaillé donnant vie à un récit réaliste de grande qualité qui est un délice à parcourir.
Une héroïne intelligente et directement attachante que l’on a envie de sortir de sa condition.
A propos de l’auteur:
Olivier Auroy travaille depuis plus de vingt ans dans le monde de la communication. Il est l’auteur, sous le pseudonyme de Gabriel Malika, des « Meilleures Intentions du Monde » et de « Qatarina », publiés aux éditions Intervalles. Après « Au nom d’Alexandre », « L’amour propre » est son quatrième roman.