Nous voilà enfin à la Rentrée Littéraire ! Cette année, beaucoup de titres ont attiré mon attention. Comme notamment « La tanche« , le roman d’Inge Schilperoord publié aux éditions Belfond que je remercie chaleureusement pour leur envoi, fruit d’une toute première collaboration. Disponible en librairie depuis le 17 août, il s’agit du premier livre de la Rentrée 2017 que je lis.
Résumé:
Dans un village de la banlieue d’Amsterdam, au bord de la mer, de nos jours.
Jonathan, la trentaine, sort de prison. Dans le bus qui l’emmène chez sa mère, il se répète ce que le psychologue lui a enseigné : s’il organise rigoureusement ses journées, il sera un homme meilleur. Jonathan se le promet : il va s’occuper de sa mère, faible, asthmatique, retourner travailler à l’usine de poissons, promener le chien, aller à la pêche. Il restera seul, il ne parlera à personne, il va s’occuper les mains, l’esprit, tout pour ne pas replonger.
Car Jonathan est un pédophile. Il est sorti de prison, faute de preuves. Le psychologue lui a parlé d’un taux de récidive de 80%. Il sait qu’il ne doit pas se laisser déborder par ses pulsions. Or, dans ce quartier en démolition où vit sa mère, vivent aussi une mère célibataire et sa fillette…
Premier roman d’Inge Schilperoord, une rédactrice et journaliste pour des journaux renommés en Hollande comme Psychologie Magazine. C’est dans le cadre de son travail ( elle est psychologue judiciaire) et au contact de plusieurs repris de justice qu’elle a élaboré ce présent roman. Bien qu’étant une professionnelle, l’auteure a rendu son roman à la portée de tous, sans trop de termes techniques empruntés au monde carcéral et à la psychiatrie.
Ce livre couronné par le Bronze Owl et nommé cinq fois livre de l’année par la presse hollandaise suit un personnage atypique, au comportement que l’on ne peut juger que haïssable. Jonathan est un ex-prisonnier trentenaire. Faute de preuves techniques suffisantes, il se voit octroyer la liberté grâce à un non-lieu et retrouve sa mère avec qui il vit. Celle-ci est très croyante et vit une existence calme au sein de sa maison. Ses journées sont rythmées par les émissions télévisées et les parties de cartes en solo ou avec son fils. Leur maison est misérable, à l’image de leur existence et très répétitive. Leur quartier et leur maison vont être démolis dans les prochaines semaines. Ils vont devoir déménager, signe de changements et d’adaptation.
L’auteure pose dans son roman une ambiance lourde. Jonathan s’isole régulièrement dans les marais et les dunes. Il aime pêcher et la nature. Il aime avoir des horaires et des occupations réguliers. Il a un mauvais rapport avec les gens qui chuchotent sur lui.
« On l’avait aussi noté en fonction d’une liste pour psychopathes, son score n’était pas élevé. En revanche, d’autres raisons avaient incité les thérapeutes à penser que le risque qu’il recommence le même genre de choses était élevé. Le ministère public n’avait pas pu obtenir les preuves nécessaires et on ne pouvait pas le condamner uniquement sur la foi des déclarations d’une victime, lui avait expliqué son avocat. Par conséquent, non seulement la sanction était levée, mais il n’était pas non plus tenu à une obligation de soins. »
Jonathan veut devenir un homme meilleur. Il a commencé en prison une thérapie en plusieurs modules pour faire de lui un autre homme. Il doit faire des exercices et écrire dans un cahier. Il est preneur de cette thérapie car il est souvent dans la lutte et est constamment dans le contrôle. Sauf que depuis sa réintégration dans la société, il n’est plus suivi par un psychologue et que ce manque d’encadrement fait et fera sur le long terme toute la différence.
A côté de chez lui vit une famille composée d’une petite fille dans la précarité, laissée seule toute la journée pendant que sa mère travaille dans un café.

Une existence en autarcie. Un besoin de structure. Une vie ennuyeuse. Une vie répétitive. J’en suis arrivée à certains moments à ressentir de l’empathie pour cet homme, ce qui est extrêmement dérangeant ! On le présente comme voulant devenir meilleur, luttant contre ses pulsions. Il prend soin de sa mère, fait le ménage, le souper. Chaque jour et inlassablement, il s’occupe de Milk, son chien, et de la tanche qu’il a pêchée et recueillie. Puis, petit à petit, il va se retrouver à être en compagnie de sa petite voisine. Cette amitié malsaine donne du frisson, on avance dans l’histoire, captivé en craignant un basculement dans l’horreur. Je me suis régulièrement énervée mentalement contre la mère de Jonathan qui reste passive et n’entreprend rien pour aider son fils.
Un sujet pas facile que je ne lirai pas tous les jours ! Inge Schilperoord possède une plume sobre et efficace en adéquation avec le thème de son roman. Je me suis rendue compte combien je connaissais mal (sûrement à tort) la littérature hollandaise.