Mon compagnon étant prof de sciences, j’ai désiré lui faire plaisir en choisissant un livre qui collerait parfaitement à ses goûts. C’est donc lui qui emprunte ma plume et joue le jeu de chroniqueur cette fois-ci :
C’est donc aux éditions Gallimard que vous pourrez trouver « Le chat de Schrödinger », de Philippe Forest. Le chat de Schroedinger est un exercice de pensée pour visualiser la physique quantique, et certainement un des exemples les plus connus de la vulgarisation scientifique. Associé à un petit résumé alambiqué mais rempli d’humour, je me suis intéressé tout de suite à ce livre. Jessica a donc réussi son pari. Mais le livre m’a-t-il plu sur la longueur et pourra-t-il combler les autres lecteurs ? Laissez-moi vous le présenter.
Résumé :
«Attraper un chat noir dans l’obscurité de la nuit est, dit-on, la chose la plus difficile qui soit. Surtout s’il n’y en a pas.
Je veux dire : surtout s’il n’y a pas de chat dans la nuit où l’on cherche.
Ainsi parle un vieux proverbe chinois à la paternité incertaine. Du Confucius. Paraît-il. J’aurais plutôt pensé à un moine japonais. Ou bien à un humoriste anglais. Ce qui revient à peu près au même.
Je crois comprendre ce que cette phrase signifie. Elle dit que la sagesse consiste à ne pas se mettre en quête de chimères. Que rien n’est plus vain que de partir à la chasse aux fantômes. Qu’il est absurde de prétendre capturer de ses mains un chat quand nul ne saurait discerner, même vaguement, sa forme absente dans l’épaisseur de la nuit.
Mais Confucius, si c’est de lui qu’il s’agit, ou bien le penseur improbable auquel on a prêté son nom, n’affirme pas que la chose soit impossible. Il dit juste que trouver un chat noir dans la nuit est le comble du difficile.
Et que le comble de ce comble est atteint si le chat n’est pas là.
J’ouvre les yeux dans le noir de la nuit. Des lignes, des taches, des ombres, le scintillement d’une forme qui fuit. Quelque chose qui remue dans un coin et envoie ses ondes ricocher au loin vers le vide qui vibre.»

Effectivement, une entrée en matière comme celle-ci a de quoi intriguer. Je vous rassure, il n’est nul besoin de connaître la physique quantique pour apprécier le livre, si vous arrivez à rentrer dans l’histoire. Elle raconte dans un premier temps un homme, dont on ne dira pas le nom mais auquel on pourra identifier l’auteur, dans son jardin le soir et qui voit passer un chat noir. D’ici, l’auteur dérive dans les explications concernant plusieurs personnalités scientifiques, multipliant les concepts, anecdotes et élucubrations, voire les mythes.
Pour ne pas le cacher, le style est assez difficile, m’obligeant plusieurs fois à me concentrer et relire des passages que je venais de parcourir. Pourtant, rien d’insurmontable : l’écrivain nous donne une belle leçon de littérature, grâce à l’équilibre du rythme, la beauté de l’histoire qui se dévoile au fur et à mesure que l’on en apprend plus sur cet homme, et le chat.
Le livre s’est finalement mué en un rendez-vous pour découvrir son auteur. Après avoir tourné la dernière page, j’ai d’ailleurs voulu en savoir plus sur l’auteur et me suis rendu compte que j’avais déjà appris à le connaître, à travers ses lignes où il a livré son âme et son histoire. Philippe Forest est professeur de littérature à l’université de Nantes depuis 1995, et vit dans le deuil de sa jeune fille, disparue à 10 ans. Ses différents livres tournent autour de cette thématique. Il se livre alors ici à cœur ouvert et partage avec nous son expérience au fil de l’aventure.
En bref :
Un beau livre, touchant et intéressant, à condition de ne pas être hermétique au style de l’auteur.
