« Par le vent pleuré » est un roman de Ron Rash, publié par les éditions du Seuil. L’auteur est né à Chester en Caroline du Sud en Écrivain, poète et nouvelliste, il possède déjà une belle bibliographie, bien qu’il ait commencé à écrire tardivement (vers l’âge de quarante ans). Il a notamment remporté le Grand prix de littérature policière 2014 avec son titre, Une terre d’ombre.
Il s’agit du premier livre que je lis de cet auteur.
Résumé:
Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis des décennies.
Été 1969 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et prendre dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue.
À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn.
« Par le vent pleuré », est un titre original qui a eu le mérite d’attirer mon attention. Sans compter la jolie couverture, autant d’ingrédients qui m’ont poussée à lire ce roman de cet auteur sud-américain, une plume que je ne connaissais pas encore. Depuis, j’ai eu l’occasion d’écouter l’auteur notamment dans la Grande Librairie et je dois dire que j’ai été séduite par son univers et la manière dont il le décrit.

« Par le vent pleuré » est un titre de la rentrée littéraire 2017 qui se lit rapidement puisqu’il fait tout juste 200 pages. Cependant, ce livre est assez complexe et une relecture s’impose presque. Il ballade son lecteur entre passé et présent. C’est ainsi que 46 années séparent les deux époques. Il nous conte l’histoire de deux frères et débute lors de l’été de l’année 1969. C’est Eugène qui prend la voix du narrateur. Il nous raconte sa vie lors d’un été mémorable en 1969, alors qu’il était âgé de 16 ans. Il a toujours vécu dans une petite ville à proximité de la rivière Tuckaseegee en Caroline du Nord où il va pêcher tous les dimanches en compagnie de Bill, son frère aîné. Leur père est mort lorsqu’ils étaient très jeune et ils vivent avec leur mère. Cette petite famille vit sous l’emprise tyrannique du grand-père, un médecin craint et respecté dans toute la ville. Bill est d’ailleurs destiné à devenir à son tour médecin.
Cet été de 1969 va être pour Eugène la période des premières fois. Lors d’une journée de pêche à la rivière, les deux frères vont faire la connaissance de Ligeia, une jeune fille aux airs de hippie. Elle est en séjour chez son oncle et sa tante, éloignée quelque temps de ses parents qui arrivent de moins en moins à contrôler son caractère rebelle. Eugène va rapidement tomber amoureux de cette jeune fille au charme irrésistible qui va devenir « sa » sirène. Elle va l’initier aux plaisirs de l’amour et à l’alcool.
« … Et notre été à Panther Creek s’est plutôt mué en une tendre histoire de passage à l’âge adulte, un été de l’amour dans son décor bucolique. »
Cet été va irrémédiablement changer le destin de ces deux frères. Le contexte historique est omniprésent et l’auteur nous le rappelle subtilement. Les thèmes majeurs sont la famille et la nature mais c’est aussi un roman à suspens comme on va le découvrir.
En 2015, on retrouve un Eugène complètement accro au whisky. Les ravages de l’alcool ont détruit sa carrière et sa vie de famille. Il ne peut plus voir sa fille Sarah depuis qu’il a failli la tuer lors d’un accident de voiture où il avait trop bu. A l’opposé, Bill vit une tranquille et stable vie de famille et est devenu un neurochirurgien de talent. Une opposition intéressante que l’auteur décrit habilement. Les deux frères sont confrontés à leur passé lorsqu’Eugène apprend que l’on a découvert des ossements au bord de la rivière et qu’il s’agit de ceux de Ligeia, sa sirène. Qu’est-il réellement arrivé à la jeune femme? Bill qui a aussi eu une histoire avec la jeune fille avait prétendu l’avoir déposée au car alors qu’elle devait partir. Que s’est-il réellement passé? Eugène va forcer son frère à lui dévoiler toute la vérité. Je peux vous certifier que le final sera palpitant.
Ron Rash alterne les deux époques sans que cela perturbe le lecteur. Un roman noir sur contexte historique dans l’Amérique rurale du Sud fin des années 60. Passionnant et magnifiquement écrit par un auteur que beaucoup considèrent comme une sommité de la littérature !