Critique de livres·Mes lectures

« Nos chemins étroits » de Jean-Emmanuel Farné

Publié aux éditions Librinova en 2025, « Nos chemins étroits » est le second roman de Jean-Emmanuel Farné. Même s’il fait suite à La Règle d’eux trois, ce n’est pas gênant de ne pas avoir lu le premier : l’auteur reprend le cadre et présente bien les personnages, on entre donc facilement dans l’histoire.

Cette lecture tombe d’ailleurs à un moment particulier pour moi. Nous venons de fêter les 40 ans de mon compagnon il y a une quinzaine de jours, et pour marquer le coup nous avons décidé de partir au Japon l’année prochaine. Et comme j’ai moi aussi passé ce cap l’an dernier, certains questionnements du roman m’ont forcément parlé.

L’essentiel pour François, Sylvain et Romain, amis depuis un quart de siècle, c’est d’arpenter ensemble les méandres de la vie. Tantôt sinueux, tantôt joyeux, leurs parcours s’écrivent en triple tant ils ont noué des liens étroits au fil des ans. Mais leur amitié sera-t-elle suffisante pour affronter les aléas de l’existence ? 

Nos chemins étroits est un roman court, sensible et très contemporain, qui explore avec finesse les enjeux de la quarantaine : l’équilibre entre vie professionnelle et aspirations profondes, la fidélité à soi-même, la force de l’amitié et l’importance des liens familiaux.

Romain, le narrateur, se trouve à la croisée des chemins. À quarante ans, il décide de quitter la sécurité de son emploi pour se donner l’espace nécessaire à une réflexion intime : que veut-il vraiment faire de sa vie ? Alors qu’il s’apprête à devenir père pour la seconde fois — sa fille a déjà quatorze ans — il se lance aussi dans l’écriture d’un journal, tentative sincère de mettre des mots sur ce moment charnière.

Autour de lui, ses deux amis traversent eux aussi leurs zones d’ombre.
Sylvain, influenceur, se débat avec la tyrannie des statistiques et la pression d’une visibilité toujours fragile.
François, le « parfait » médecin, beau, brillant, longtemps irréprochable, voit son image se fissurer après une séparation douloureuse. Derrière la façade exemplaire, il étouffe.

À travers ces trois trajectoires, l’auteur évoque avec subtilité ce moment délicat où l’on quitte définitivement la jeune maturité pour entrer dans une autre étape : celle des remises en question, des bilans, mais aussi des élans nouveaux — qu’il s’agisse d’un enfant à naître, d’un changement de carrière ou d’une nouvelle manière de se percevoir.

C’est une lecture douce, sincère et parfois mélancolique, qui rappelle que la quarantaine peut aussi être une forme de renaissance. En revenant sur les moments clés de la jeunesse et en mettant en lumière les mutations intimes de l’âge adulte, l’auteur signe un hommage touchant à l’amitié et au courage d’emprunter ses propres chemins, même lorsqu’ils sont étroits.

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